Lysistrata. Révolte des femmes, trouble dans le genre (1)

Lysistrata, c’est le nom de l’héroïne de la pièce éponyme d’Aristophane, le maître de la comédie dans la Grèce antique. C’est, étymologiquement, celle qui dissout l’armée ; Victor-Henry Debidour dans sa traduction facétieuse l’appelle « Démobilisette ». Cette femme, à la fois sage et extravagante, invente l’arme infaillible pour arrêter les ravages de la guerre qui oppose les cités grecques : la « grève du sexe », stratagème pacifique pour faire taire la violence.

Dans Lysistrata, il est donc question des femmes, les laissées pour compte de ce monde excessivement patriarcal. Ce qui est joué, ô scandale, c’est une révolte collective des femmes reliant de façon spectaculaire la conduite des affaires de l’Etat avec l’intimité des relations amoureuses.

Ces femmes rejettent l’addiction masculine à la guerre, et vont jusqu’à prendre le pouvoir en occupant les lieux stratégiques de la cité, affrontant héroïquement les hommes. Inversion des rôles : le féminin se fait masculin, le masculin est rabattu sur le féminin, la frontière se brouille, il y a trouble social et trouble dans le genre. Continuer la lecture

Lysistrata. Révolte des femmes, trouble dans le genre (2)

La « modernité » d’Aristophane, et singulièrement celle de Lysistrata, frappe le lecteur par les thèmes mis en scène : la guerre et la paix, le public et le privé, la domination et l’égalité, le sexe et le genre, et par la forme : cette langue jubilatoire qui sait conjoindre l’aérien et le pesant, la formule brillante et la pure obscénité.

Dans cette deuxième partie est reprise la question du trouble dans le genre. On évoque les bas-fonds de l’obscénité, pour passer à l’inversion des rôles sexués et déboucher sur l’idéal d’un amour conjugal partagé, presque à la façon d’une ascension platonicienne ! Retour ensuite sur l’actualité et sur le caractère prémonitoire de Lysistrata. Continuer la lecture

Edgar Poe, Le Chat noir ou Que me veut-il ?

vignetteA l’heure où, paraît-il, les perversions se développent au détriment, si je puis dire, des bonnes vieilles névroses plus civilisées, je propose ici le commentaire et l’interprétation d’un texte d’Edgar Poe publié il y a plus d’un siècle et demi. Il s’agit du Chat noir (The Black Cat) paru en 1843, traduit en français par Charles Baudelaire, et inséré dans le recueil des Nouvelles histoires extraordinaires. Il raconte un cas de déchéance perverse. J’analyse d’abord la fabrication littéraire de ce cas avant d’en proposer une interprétation psychanalytique. Continuer la lecture