Deviens ce que tu es ou: Deviens qui tu es. La première occurrence de cette formule se trouve chez Pindare, poète grec du 5ème siècle avant notre ère. Elle a été reprise jusqu’à nos jours par de nombreux philosophes et écrivains.
A première vue, cette maxime met en valeur un « devenir-soi » très à la mode, qui pourrait bien convenir à notre époque d’individualisme obligé et de narcissisme compulsif. Des essayistes travaillent ce thème, sur le mode néo-hédoniste de Michel Onfray (La Sculpture de soi, 1993) ou sur le mode crypto-libéral de Jacques Attali (Devenir soi, 2014). Mais pourquoi ne pas lui préférer : Deviens ce que tu n’es pas, un « devenir-autre », quitte à s’égarer sur des chemins de traverse ? Et puisqu’il est illégitime de faire de Soi le Robinson d’une île dépeuplée, pourquoi pas un Devenons ce que nous sommes, voire un Devenons ce que nous ne sommes pas: un « devenir-commun » à élucider, qui convoque cette fois le groupe, le peuple, la multitude ? Continuer la lecture